Au clair de la Lune

Faucon tranquillement baignait dans une eau tiède, avec pour seul témoins la lune et les étoiles.
Une source chaude naturelle avait été remarquée à proximité, et les damoiselles pragmatiques avaient décrété que là serait un lieu de détente pour ceux et celles qui le souhaiteraient. Des horaires avaient été établis pour les elfes qui ne souhaitaient pas trop de mixité.

La nuit elle n'avait pas été partagée, et pour cause, personne ne s'y baignait vraiment aux heures tardives.
Faucon cependant n'avait pas sommeil, et l'idée de pouvoir se délasser ainsi l'avait séduite au plus au point. Elle avait gardé sur elle sa tunique courte, au cas où, mais avait découvert avec dépit que le tissus une fois humide se laissait aller à la transparence, sans se priver, bien sûr de coller au corps de l'elfe. Quelque part, c'était pire...


Alanguie, les yeux clos l'elfe chantonnait doucement un air apaisant.


Puis un petit bruit de pierre se fit entendre derrière elle. L'elfe se tu alors, afin de signifier qu'elle avait pris acte qu'une autre personne était présente, et que ça ne la dérangeait
pas.
Mais il n'y eu pas d'autre bruit. On aurait même dit que l'elfe avait cessé de respirer... Cela ne pouvait signifier qu'une chose. L'elfe mystérieux était un homme.

Faucon eut un sourire amusé. Si c'était Hannibal elle l'obligerait à finir sa démonstration de la fois précédente!
Lentement elle se releva, sa silhouette se découpant dans un rayon de lune.
Mais ce n'est pas hannibal qu'elle découvrit.

C'était Yann, le prêtre aux airs de personne sage, qui il y a peu avait tellement bu qu'il était tombé dans un léger coma éthylique ...

Faucon eut un sourire en coin.

" Et bien on a perdu sa langue au point de ne plus pouvoir s'annoncer? Bonsoir Yann!"

Un bras le long du corps, l'autre sur sa taille, elle avait les yeux pétillants et un petit sourire devenu carnassier.

" Bon et bien j'espère que tu es conscient que je vais devoir, sinon tu tuer, au moins te crever les yeux?

Une dernière volonté?"

Le saumonnier ne dormait que très peu.
Il aimait la nuit.
Il avait l’habitude de se promener, dans cette nature qu’il chérissait, à la lueur de la lune.
Il pouvait se laisser aller à la rêverie, aussi bien qu’à la méditation.
Mais, ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était ce calme, qu’offrait la pénombre, propice à l’éveil des sens.
Lui le prêtre, le prêcheur, dont la seule force était son mental, il avait un besoin viscéral, de les entraîner.
Entendre le moindre bruissement, d’une feuille touchant le sol, percevoir le moindre rongeur parti chercher sa pitance, entendre le glapissement des renardeaux, dans le terrier, attendant le retour de leurs géniteurs, sentir l’humus montant de la terre, ou quelques essences de plantes ou d’arbres imperceptibles le jour.
Il avait besoin de les exercer afin de ne pas se faire surprendre, d’anticiper l’attaque.


Il avançait sur le sentier menant aux sources chaudes.
Méditant et méditant encore.


Puis il perçut une douce et étrange mélopée.
Un son mystérieux en ce lieu.
Tous les sens, en alerte, il avançait, le plus furtivement possible, tel un chasseur tentant d’épier sa proie.
Il arriva aux abords des sources.


La lune était pleine, il aperçut une elfe qui se baignait, vêtue de sa seule tunique qui ne cachait rien de son corps ni de son intimité.
Il s’arrêta, et contempla cette belle vision, un corps parfait, une voix suave et douce.
Il est vrai que nos femmes ressemblent à des déesses, et celle-ci devait être la reine des déesses.
L’elfe ne l’avait pas entendu arriver, elle chantonnait une douce comptine.
Sous le charme, de cet air, et la curiosité piquait au vif, il s’avança un peu plus, lentement, très lentement.
Il désirait savoir qui se cachait derrière cette belle apparition.


Tout à ses pensées et sa vision, il ne fit pas suffisamment attention où il marchait.
Son pied roula sur un pierre.
Ce n’était qu’un léger bruit, quasiment inaudible, mais il eut pour effet de faire taire l’elfe.
Il se savait découvert.
Il ne bougeait plus, espérant qu’elle n’avait rien entendu, et surtout ne le verrais pas.
Elle se leva et se retourna vers lui.
Quelle ne fut pas sa surprise, en découvrant le visage de Faucon.


Il aurait pu se servir de ses pouvoirs et devenir invisible, mais cette sublime beauté, lui fit perdre toutes les incantations qu’il connaissait.
Il était là, devant elle, statufié.
Le souffle court, médusé, ne sachant que dire, l’air bête, tel le jeune adolescent qui a son premier émois.
Les yeux écarquillés, il n’en revenait pas.
Faucon devant lui, presque nue, pour toute vêtement, une tunique mouillée qui ne faisait qu’accentuer ses formes remarquablement proportionnées.
Ce ne pouvait être qu’un rêve.
Il ne voulait surtout pas se pincer, au risque de se réveiller et de voir disparaitre sa vision.


Elle était devant lui, les yeux remplis de malice, et un sourire aux lèvres.
Lorsqu’elle s’adressa à lui, il se rendit compte qu’il ne rêvait pas.
Mais il eut du mal à comprendre ses paroles.
Pourquoi voulait-elle le tuer ?
Ou au mieux le rendre aveugle ?
Elle ne va pas bien dans sa tête la chef des elfes.
Voilà qu’elle deviendrait sadique avec les siens.
A la rigueur, qu’elle soit cruelle avec Hannibal, étant donné qu’il avait stoppé sa prestation bien avant le final, d’accord.


Mais lui, le Saumonnier, qu’avait-il fait de mal ?
Il n’avait fait que regarder une beauté lunaire.
Après tout, ce n’était pas sa faute à lui, si Faucon s’amusait à se baigner, en pleine nuit, en petite tenue, alors qu’elle aurait du dormir, afin de prendre des forces pour commander ses troupes.
A savoir, même si elle ne l’avait pas fait un peu, vraiment un tout petit peu exprès, d’attirer Yann, par une douce chanson, vers la source chaude.
Ca peut être perfide une elfe.
Ne voulait-elle pas lui mettre les sens, sans dessus-dessous ?
Ne tentait-elle pas de le mettre à l’épreuve, afin d’éprouver sa chasteté ?
Oui, après tout, c’est peut être un esprit plus malin que nous ne le pensions.



"A quoi te servirait ma mort, Faucon ?
Je te serai bien plus utile vivant que mort, et de toute manière tu ne peux pas me tuer.
Nous sommes quasiment immortels et tu le sais bien.
Maintenant, si tu veux tenter de me tuer, essaies toujours, au moins si je dois mourir que cela soit de ta main et avec la vision de ce corps parfait.


Maintenant, tu veux me rendre aveugle.
Soit, mais en toute sincérité, je ne comprends pas à quoi cela t’avancerais.
La vision de ton corps est dans ma mémoire et non dans mes yeux.
Le créateur, nous a donné des yeux, et ils ne sont pas pour se fermer devant une telle beauté.
Au contraire, laisses moi mes yeux pour continuer à t’admirer.


Alors qu’elle est ta décision, la mort ou la cécité pour moi.
Saches que si tu veux me tuer, tu es obligé d’exaucer mon dernier vœu.


Je suis prêtre, ou plus exactement prêcheur, je n’ai fait que vœu de célibat et non de chasteté.
Je veux donc m’éteindre dans tes bras lors d’une seule et ultime étreinte.
Tu auras ainsi dans ta mémoire la vue d’un elfe mourant heureux.
Qu’en penses-tu ?
Es tu prête à aller jusque là ?
Mon visage te suivra partout, et les remords seront présents jusqu’à ton dernier voyage, ceux d'avoir tué un compagnon, un confident peut être, un frère surement, un allié certainement, mais plus que tout, un elfe amoureux de la reine des elfes.
Alors laisses moi te regarder, t'écouter, te chérir, mais surtout vivre.
Vivre pour toi, et notre peuple.
Alors, quel est ton choix, ton verdict..."

Il est vrai, qu’il aurait du rebrousser chemin, en apercevant, Faucon se baigner.
Mais la curiosité masculine est ainsi faite, qu’elle ne s’accommode pas que d’une vision fugace.
Et dans tout mâle , il y a un voyeur qui sommeille.
Etant découvert, il lui avait fallu trouver quelque chose pour sa défense, et c’était elle qui lui avait offert dans son intervention.

Il savait qu’elle ne mettrait pas ses menaces à exécution.
A la rigueur, elle aurait pu le gifler.
Mais ce n’était pas dans son tempérament.
Mère nature, avait donné un corps à tous les elfes d’une telle élégance et d’une telle beauté, qu’il était aussi là, pour le plaisir des yeux.

L’apparence gravité des propos du Saumonnier, avait, selon toute vraisemblance, déstabilisé Faucon.
Il avait visé juste, sans le savoir, il avait trouvé une faille dans cette armure.
Toutes et tous, nous portons au fond de nous même des blessures qui ont du mal se refermer.
Sa défense, où ses dires étaient pourtant sincères, ne se voulait pas blessante, bien au contraire.
Mais, il avait, si bien réussi à dissimuler, l’ironie de sa voix que Faucon avait accusé le coup.

Il venait de créer une situation, qui le gênait fortement.

Il la vit frissonner, les bras toujours serraient contre sa poitrine.
Elle se rapprocha de lui.
Elle était si prêt de lui qu’il pouvait sentir son souffle sur sa peau.
La tête penchait de côté, la faisait ressembler à une enfant, qui recherchait un refuge.
Il ne pouvait se résoudre de lui ouvrir ses bras et de la serrer contre lui pour la protéger.

Il l’avait écouté, attentivement. Elle frissonnait toujours.

Bien sur que tu peux, aller barboter, cela te réchauffera.
Je te suis, si cela ne te dérange pas.
Nous avons, je pense pas mal de choses à nous dire.

Yann emboîta le pas à l’elfe, il ne pouvait détacher ses yeux de ses courbes parfaites.
Par tous les dieux, c’est vrai qu’elle est mignonne notre cheftaine, mais si je continue, elle va finir par m’en coller une ! pensa t’il, et je ne l’aurais pas voler.
Faucon était retourné dans la source chaude.
Lui s’assit, à proximité, sur la berge.
Il essayait de détacher les yeux du corps de Faucon, mais c’était un véritable supplice de tantale.
Si il y avait eu une partie froide, dans cette source, il aurait été s’y mettre.
Au moins, cela lui aurait rafraîchi les idées.
Mais, rien, il valait faire avec.
Le saumonnier prit la parole.

Faucon, je sais que ton cœur n’est pas à prendre, mais tu ne peux m’empêcher de t’aimer.
D’un amour, tout platonique, peut être, mais d’un amour sincère, sans aucun espoir de retour.
Ca, c’est mon problème, et ni toi ni moi ne pourrons rien changer à cela.
Qu’y puis-je ? Rien, c’est comme cela.

Tu ne veux pas être reine, et pourtant.
Tu es bien à la tête des elfes, pour l’instant.
Nous t’avons nommé en tant que chef des elfes, et dans toutes civilisations, celui ou celle qui les dirige, est un roi ou une reine.
C’est ainsi.
Il te faut faire avec.
C’est disons une monarchie constitutionnelle.
Tu es bien entendu aux services de tous, comme nous tous sommes à ton service, chacun dévoué à l’autre, pour une seule cause, celle de notre race.

Maintenant, bien que beaucoup d’entre nous, n’aient plus besoin de nourrice et cela depuis très longtemps, tous nous avons besoin de quelqu’un pour nous guider, nous encadrer, nous remettre sur le droit chemin, nous faire avancer.
Et à ce jeu là, c’est toi qui a attrapé le pompon.
Tu es à notre tête, donc tu n’y coupes pas (sans jeu de mot : monarchie ; coupe ; tête. Cela me rappelle quelque chose).

Moi aussi, j’espère que notre amitié perdurera à l’issue de cette guerre, d’ailleurs je ne vois pas pourquoi il en serait autrement.
Mais, à force de parler j’ai soif, et il n’y a rien en plus ici pour se rafraîchir le corps.

Yann n’arrivait toujours à détacher ses yeux du corps de Faucon, et qui plus est la tunique mouillée, était pire que tout.
Au lieu de cacher, elle ne faisait que dévoiler plus de formes, ce qui mettait le saumonnier dans tous ses états…

En ce début d’été, le temps était au beau fixe.
Pas un nuage, dans le ciel pur et limpide, juste une simple brise qui passait légère sur les frondaisons des grands arbres.
Tout était calme et serein aux abords de la source d’eau chaude.

Les oiseaux gazouillaient, les parents faisaient d’inlassable, allés et retours, afin de nourrir les oisillons qui venaient de naître.
Les papillons et libellules voletaient au-dessus de la source.
Les lapins et autres animaux de la forêt gambadaient.
Les fleurs des bois exhalaient leurs senteurs.

Tout sur cette terre était en harmonie parfaite.

Le saumonnier avait, comme à son habitude, accompagné Faucon, à la source d’eau chaude.
Elle aimait aller s’y décontracter, après les dures journées de labeur, passées à la tête des elfes.

Elle était, là entrain de se baigner, au trois-quarts nue, profitant au maximum, de ces moments de relative tranquillité, pour se relaxer et se ressourcer.
Lui, la regardait, la contemplait, buvait ses paroles.
Ils étaient heureux.

Quand soudain, un orage violent, que dis-je une tornade, un raz de marée, non un tsunami, s’abattit sur eux.

Non mais ça va pas !
Tu es devenu folle !
J’aurais pu me noyer !
Je ne sais pas nager, moi !

Faucon, en basculant, Yann dans l’eau, venait en une seconde de le sortir de son rêve éveillé.
Et en plus, elle le regardait d’un œil malicieux.
Le prêtre était mouillé de la tête aux pieds.
Il écoutait Faucon, avec toute l’attention possible, en dépit de la situation.
Il tentait de la regarder, dans les yeux, puisqu’elle le voulait ainsi.
La situation était quelque peu incongrue, elle était nue ou presque nue, une bouteille à la main, se baignant aux côtés du saumonier, qui lui avait toujours sa bure de prêtre dans l’eau, en pleine nuit, entrain de disserter, sur son rôle de chef ou de reine des elfes.
Si quelqu’un était passé, par-là, il aurait cru avoir eu une vision, et il n’en aurait sûrement rien dit de peur que l’on se moque de lui.

Tu aurais pu attendre que j’enlève ma robe, avant de me tirer dans l’eau.
Il va falloir que je la fasse sécher, maintenant.

Tout en disant cela, il lui sourit, montrant ainsi qu’il ne lui en voulait pas du tout pour son geste.
Il prit la bouteille qu’elle lui tendait, et en but une bonne rasade.
La réaction fut immédiate.
Dans un premier temps, il manqua de s’étouffer, puis recracha ce qu’il lui restait dans la bouche, de ce breuvage.

C’est quoi, ce tord-boyau, que tu m’as donné à boire.
D’abord, tu veux me crever les yeux, puis tu tentes de me noyer, et maintenant l’empoisonnement.
Je ne vais pas survivre à une telle nuit avec toi.

Elle continuait à le regarder, d’un air amusé.

Ca, tu peux le dire, que cette guerre nous aura permis de nous découvrir un peu mieux et sous de nouveaux jours.
Je ne te connaissais pas sous ces facettes.
Je te savais rôdeuse, mais pas assassin de prêtre.
Je te savais mignonne, mais pas autant.
C’est vrai que tu as un joli visage mutin.
Mais, bon quand même, ce n’est pas parce que l’on est reine des elfes, mignonne de surcroît, avec un minois si joli, qu’il ferait devenir damnés tous les ecclésiastiques de ces terres croyant voir la madone, que l’on peut se permettre d’en occire un.
Non mais, j’ai ma dignité d’elfe moi !
Et je tiens à la vie…

Et elle souriait de plus belle ; le saumonnier ne savait plus que penser.
De plus, c’est lui qui devenait de plus en plus gêner avec sa robe qui commençait à peser un âne mort.

Mais, si tu avais voulu que je vienne me baigner avec toi, il fallait me le dire.
J’aurais quitté cette fichu bure, et je serais venu sans problème.

Au fait, qu’est ce que c’est, que cette histoire, que je me laisse enivrer jusqu’à l’endormissement.
Tu l’as rêvé, ou alors tu te trompes de personne.
Ce n’est pas moi, je ne bois jamais, ou alors une fois de temps à autres mais très rarement, et encore une seule chope, et qui plus est de l’hydromel.
Je suis sérieux, moi, gente damoiselle.
Je ne bois pas, je me désaltère.

La situation avait quelque peu changé de tournure.
Yann cherchait toujours du regard de quoi étancher sa soif, il allait devoir se résoudre, à essayer d’avaler un peu de cette liqueur que lui avait tendue Faucon.
Sa bure était de plus en plus pesante, est ce qu’elle allait lui donner un coup de main pour l’enlever ?

L’invite de Faucon ne laissait planer aucun doute.
Puisqu’elle lui offrait sa tunique, afin qu’il puisse se débarrasser de sa bure mouillée, qu’il en soit ainsi.
Les mains jointes à la manière d’un prieur, il formula une incantation inaudible aux oreilles de l’elfe.
Mais, cela n’eut pas l’effet souhaité.
Les vêtements du Saumonnier s’étaient retrouvés sur les épaules de Faucon, et lui était affublé de sa tunique.

S’était il trompé dans la formule ?
Cela était du domaine du possible.
Les arcanes de la magie n’étaient pas du seul apanage des sorciers.
Les prêtres, sur ces terres, avaient eux aussi des pouvoirs similaires.
D’une moindre puissance, ils se devaient alors, d’avoir une plus grande concentration.

Avant que Faucon ne puisse dire et faire quoique ce soit, Yann en prononça une nouvelle.
Le résultat, n’était pas des plus parfaits, mais au moins il se rapprochait, de ce que le prêtre désiré.
Les vêtements des deux elfes se trouvaient, maintenant, sur la berge.
Le saumonnier esquissa un sourire.
Faucon ne s’était encore aperçu de rien.

Au moins, comme cela nous sommes sur le même point d’égalité maintenant.
Nous sommes tous les deux aussi habillés que des vers.
Et surtout ne crie pas, il faut bien que je fasse mes armes dans la magie.
J’ai rarement l’occasion, de mettre en pratique, tout ces bouquins.
Et il faut bien, que je passe de temps à autre de la théorie à la pratique, non ?

Levant un bras vers le ciel, Yann disparut de la vue de Faucon.
Ce sort, il le maîtrisait parfaitement.
Deux mains enserrèrent le cou de l’elfe.
Le prêtre venait de réapparaître, derrière elle.
Collé à son corps, il pencha sa tête, doucement, en effleurant ses cheveux.
D’une voix douce, il murmura à son oreille.

Tu vois, moi aussi si je le voulais, je pourrais te faire passer de vie à trépas.
Mais, ce serait un ignoble crime que de tordre un aussi joli cou avec une peau si douce.
Tu ne crois pas ?

La voix du saumonnier était devenu plus douce encore.
Il pouvait sentir battre le cœur de Faucon.
Il desserra son étreinte.
Toute en s’écartant de la belle elfe, ses lèvres effleurèrent son cou.
La situation semblait, lui échapper aussi.

Il fit face à Faucon, et lui prit la bouteille des mains.
Il lui souriait, pour se donner bonne contenance.

Je crois que je vais me résoudre à boire de cette liqueur.
Il fait vraiment chaud.
J’en ai besoin.

Yann but une première gorgée et manqua de s’étouffer une nouvelle fois.
Mais il remit la bouteille à ses lèvres, et en but une deuxième fois.

Un bruit, un craquement, une branche qui se casse.
Un cri.
La chute d’un objet tombant non-identifié (OTNI).
Une gerbe d’eau, et encore un peu plus mouillé. Décidément, comme dirait un certain "Que d’eau, que d’eau… ".
Des bulles, à la surface de la source.

Aussitôt le regard du prêtre se porta sur Faucon.
Celle-ci, par on ne sait, quel tour de magie ou quel miracle, tenait serrer dans sa main un poignard.
Comment avait-elle fait ce tour là ?
Avait-elle des dons de magicienne ?
Pourtant, le saumonnier, avait bien en face de lui, la chef des elfes nue.
D’où avait-elle pu sortir cette arme ?

Elle était prête à bondir, tel un prédateur sur sa proie.

Quelle ne fut pas leur surprise, quand ils virent la tête de Gwen, sortir de l’eau.
"Tiens une amazone, mais que fait-elle ici ?
Voilà que la grande prêtresse, joue les voyeuses.
A moins, qu’elle ne voulait tout simplement se joindre à nous ?"

Il y avait déjà Faucon qui avait mis tous les sens de Yann, sans dessus-dessous.
Et voilà, que Gwen, en rajoutait une couche.
C’était peut être cela la solidarité féminine.
Il lui faudrait assumer.

Tout à ses pensées, le prêtre sursauta, quand il entendit Faucon pousser un rire bizarre, tout en bondissant, sur la prêtresse.
Son sang ne fit qu’un tour et il plongea sur Faucon, et s’accrocha à elle.
Il ne voulait pas, qu’elle l’égorge ou qu’elle la noie.

Entendant, la chef des elfes s’adressait à gwen, il s’aperçut de sa méprise.
Une fois de plus, il avait tapé à côté de la plaque.

Désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris. Mais te voyant bondir sur elle…
Et mince, à quoi ça sert, de toute manière, j’ai encore fait une gaffe.
Mais par contre ce n’est pas la peine de lui raconter, que je ne suis pas encore au point dans mes incantations, non mais !!!
Quoique, je pourrais essayer, à nouveau.
Il ne faut pas que Gwen garde ses vêtements mouillés, elle pourrait attraper froid.

La situation était quelque peu incongrue.
Gwen et Faucon enlacées.
La robe de Gwen, mouillée qui ne cachait plus rien.
Yann accroché au dos de Faucon.
Tout les deux, dans le plus simple appareil.
Cela devenait de plus en plus complexe.
Pour peu qu’il en tombe une troisième et le tour sera bouclé.

Il glissa à l’oreille de Faucon quelques mots.

Ca y est, ma mémoire revient.
Oui, il y a quelques temps, j’avais un peu bu à la taverne.
Mais, je me rappelle aussi du rêve que j’avais fait.
Je voyais des elfettes danser et chanter au tour de moi, dans des tenues affriolantes.
En fait, ce n’était pas un rêve, que j’avais fait.
Je dois avoir des dons de devin ou de prémonitions.
Bon, c’était le jour, on est la nuit.
C’était au milieu d’une clairière, nous sommes dans l’eau.
Vous étiez trois, vous êtes deux.
Mais, après ce n’est plus qu’histoire d’interprétation, n’est ce pas ?
Quoique, là, je ne perds pas au change.

Ils s’étaient relevés.
Laissant gwen, se débattre avec sa robe, passée par dessus tête.
Faucon le regardait incrédule.
Yann lui souriait.

Mais maintenant, ce n’est pas tout ça.
Vous ne vous rendez pas compte dans quel état, vous m’avez mis.
Ou plutôt, oui, tu peux le constater.
Toi d’abord, ensuite gwen, qui vient en rajouter un peu plus, en jouant une partie à robe mouillée.
Puis vous vous enlacez, tout juste si vous ne vous embrassiez pas.
C’est beaucoup, pour un pauvre prêtre, tel que moi.
Alors, en tant que chef des elfes, tu nous dois, et à moi en particulier, aide et assistance.
Et comme tu as su allumer l’incendie, il faudra peut être que tu songes à l’éteindre.
Je ne vais pas rester dans cette état là.

Le prêtre aimait la nuit.
Il avait une passion pour les étoiles.
Il aimait lire en elle leur message.
Il était aussi un peu astronome à ses heures.
Ne fallait-il pas l’être un peu, pour tenter de maîtriser les différents pouvoirs des mages.
Et là, devant lui se reflétait, dans les eaux de la source, la magnificence de l’astre lunaire.
Il la contemplait, immaculée et toute en rondeur.

Elle bougeait, dans l’onde claire.
Oups, ce n’était pas elle, mais plutôt, la partie postérieure et charnue de la grande prêtresse des Amazones, ce que l’on appelle dans le langage courant, les fesses.